Saint-Pierre en Gallicante : là où Jésus a passé sa dernière nuit

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Saint-Pierre en Gallicante

Après la Cène au Cénacle et l’agonie au jardin des Oliviers, le pèlerin qui veut suivre l’itinéraire de la Passion du Christ oriente ses pas vers Saint-Pierre en Gallicante. À seulement quelques mètres des remparts de la Vieille Ville de Jérusalem, cette église est bâtie sur le versant oriental du Mont Sion, à l’emplacement traditionnel du palais de Caïphe.

Importante étape de pèlerinage, ce lieu saint commémore :
- la comparution de Jésus devant le grand prêtre
- le triple reniement de Pierre et son repentir au chant du coq
- la condamnation à mort de Jésus par le Sanhédrin

Le sanctuaire de Saint-Pierre en Gallicante (du latin « galli cantu », « là où le coq a chanté ») est porteur d’un message de miséricorde, manifestée par le regard que Jésus posa sur Pierre après son troisième reniement. Regard à travers lequel Pierre sentit passer toute la miséricorde et le pardon du Sauveur. « Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement. » (Lc 22, 61-62) Comment ne pas sentir ce regard de Jésus se poser aussi sur chacun de nous, et ne pas ressentir l’invitation à poser sur ceux qui nous entourent, le même regard de miséricorde ?

Bâtie sur les fondations d’anciennes églises byzantine et croisée, l’église actuelle date des années 1924-1931. Elle a été construite dans un style néo-byzantin par le Père Assomptionniste Etienne Boubet, architecte et artiste autodidacte. Sa décoration en mosaïque évoque la comparution de Jésus devant le Sanhédrin. La crypte, construite au-dessus d’une fosse profonde, occupe un vaste espace plane taillé dans le roc qui s’étend à l’extérieur jusqu’à la rue en escalier par laquelle Jésus a été amené au palais de Caïphe après son arrestation à Gethsémani. Cet espace correspondrait à la cour où se tenait Pierre assis auprès d’un feu avec les gardes. Trois grandes icônes, écrites en 1995 par l’iconographe russe Evgeni Kisets, illustrent le moment où Jésus pose son regard sur Pierre après son troisième reniement, celui où Pierre pleure son péché, et celui où le Christ ressuscité confirme la mission de Pierre, qui par trois fois lui affirme son amour.

La fosse profonde, visible depuis la crypte à travers un trou creusé dans le rocher, est l’endroit le plus vénéré du site. Les Byzantins étaient convaincus que cette fosse avait servi de cachot et que le Christ y avait été descendu depuis la cour à l’aide de cordes, en attendant de comparaître devant le Sanhédrin au lever du jour. Trois croix profondément gravées dans le roc, autour du trou rond, ainsi que des croix peintes sur les parois, témoignent de leur vénération. Après la destruction de l’église croisée, la fosse profonde fut transformée en citerne ; c’est sous l’enduit des parois de cette citerne que les fouilles de 1889 ont mis au jour les croix byzantines.

Le terrain de Saint-Pierre en Gallicante fut acquis en 1884 par le comte Amédée de Piellat, né à Vienne (Isère / France) en 1852 et décédé à Jérusalem en 1925 (inhumé dans le caveau de Saint-Pierre). Constructeur et bienfaiteur de l’hôpital français Saint-Louis, il achètera le terrain voisin pour y construire l’hôtellerie Notre-Dame de France, et sera l’agent immobilier de plusieurs congrégations.

Lors du premier pèlerinage de 1882 organisé par les Assomptionnistes, accompagnant mille onze pèlerins, le Fr. Liévin de Hamme, Franciscain, fit visiter sur les pentes du Mont Sion une grotte qui servait d’écurie pour un âne. Cette grotte, disait-il, aurait été celle dans laquelle saint Pierre était venu pleurer son reniement. Espérant y retrouver l’église Saint-Pierre, le Comte de Piellat acheta le terrain. Les fouilles autour de cette grotte n’ayant mis au jour aucune trace d’église, le Comte céda le terrain en 1887 aux Assomptionnistes afin d’y établir une ferme pour nourrir les pèlerins de l’hôtellerie de Notre-Dame de France, dont ils avaient commencé la construction. Tout en réalisant des plantations d’oliviers et de vignes, les religieux de Notre-Dame de France se mirent à faire des sondages sous la conduite du Père Joseph Germer-Durand. Celui-ci tint un journal des fouilles d’octobre 1888 à décembre 1911 (quatre cahiers totalisant 329 pages). C’est en poussant les recherches vers le Nord, par rapport à la grotte du Frère Liévin, que furent découvertes la fosse profonde et les traces des églises disparues.

En remontant de la fosse profonde, il ne faut pas manquer d’aller voir une maquette (échelle 1/200e) qui propose une reconstitution de la Jérusalem chrétienne à l’époque byzantine, avant sa destruction par les Perses en 614. Sept églises sont représentées dont celle de Saint-Pierre en Gallicante. Cette maquette a été réalisée en 2003 grâce à la collaboration du Professeur Jacques Briend, exégète et archéologue, et de Monsieur Jean-Claude Marmorat, architecte et maquettiste, chevalier du Saint-Sépulcre.

Les religieux assomptionnistes, fidèles à leur mission d’accueil des pèlerins, assurent l’animation et l’entretien des lieux. Ils sont au service des pèlerins avec l’aide des sœurs Oblates de l’Assomption, d’employés et de volontaires.


Père Jean Daniel Gullung
Recteur du sanctuaire de Saint-Pierre en Gallicante